DiCovid-19

Le dictionnaire du Covid-19

Par Henri Goursau, lexicographe, rédacteur du dictionnaire anglais/français de médecine et du dictionnaire anglais/français de dialogue médical comprenant 5000 phrases pour soignants et malades.

Premier dictionnaire français pour aider à comprendre les termes et expressions liés à la pandémie actuelle de coronavirus (Covid-19)

Quatre règles à suivre pour freiner l’épidémie de coronavirus : respecter le confinement, accomplir les gestes barrières de distanciation sociale, d’hygiène individuelle des mains et de port du masque.

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Il y a 27 noms dans ce répertoire commençant par la lettre T.
Taux d'incidence
Il s'agit du nombre de tests positifs rapportés à la population. Le plus souvent, le taux d'incidence est donné pour 100 000 habitants sur sept jours écoulés. Correspond au nombre de tests virologiques positifs pour 100.000 habitants sur une semaine. Cet indicateur permet d'évaluer le nombre de personnes infectées, mais pas la gravité de leur état.

Taux d’occupation des lits en réanimation
Nombre de lits occupés en réanimation par des patients atteints de COVID-19 par rapport à la capacité initiale en réanimation avant la pandémie.

Taux de cas graves
80% des cas de coronavirus sont sans gravité, 15% sont considérés comme sévères et 5% sont jugés graves. Parmi ces 5%, la moitié a un risque de décès. La très grande majorité des morts (93%) ont plus de 65 ans. 73% des cas graves admis en réanimation sont des hommes. Les enfants sont peu concernés par cette épidémie de Covid-19.

Taux de contamination
Selon les projections publiées le 21 avril 2020 par l’Institut Pasteur, moins de 6% des Français auront été en contact avec le virus au 11 mai, jour de déconfinement. Un niveau insuffisant qui pourrait faire craindre une deuxième vague de contamination, sans mesures sanitaires appropriées sur le long terme. Un taux très éloigné du taux de 60 à 70% à partir duquel on atteindrait l’immunité collective, synonyme de régression de l’épidémie.

Taux de létalité
C’est la proportion de décès liés à une maladie par rapport au nombre de cas atteints par la maladie.

Taux de morbidité
Nombre de personnes atteintes par une même maladie rapportée à une population donnée pendant une période donnée. Pourcentage des individus malades dans une population, pendant une période donnée, en général une année, d’une maladie particulière ou de l’ensemble des maladies. Évaluation statistique du nombre de malades dans une population dans un temps donné. Rapport entre le nombre de personnes atteintes par une même maladie et la population totale considérée pour une période donnée (typiquement un an). Cela donne un nombre de cas par habitant, qu'on ramène en général à 1 000, 10 000 ou 100 000 habitants afin de ne pas manipuler de trop petits nombres.

Taux de mortalité
Indice statistique démographique correspondant au nombre de décès rapportés à la population d’un territoire donné en une année. Pourcentage de morts par rapport au nombre d’individus d’une population donnée dans une période donnée.

Taux de positivité
Il s'agit du nombre de tests positifs rapporté à l'ensemble des tests réalisés sur une semaine, et non par rapport au nombre d'habitants. Correspond au nombre de personnes testées positives sur une semaine par rapport au nombre de tests réalisés.

Taux de reproduction du virus
Voir Ro précédemment. Ro permet de connaître le nombre moyen de personnes qu’une personne contagieuse pourrait infecter. Il se calcule à partir d’une population qui est entièrement susceptible d’être infectée et qui n’a été ni vaccinée ni immunisée contre l’agent infectieux. Pour un Ro<1, une personne infectée infectera une personne au plus, et dans ce cas la présence de la maladie s’effacera. Pour un Ro=1, une personne infectée infectera une personne, et dans ce cas le nombre de nouveaux cas augmentera de manière régulière. Pour un Ro>1, une personne infectée infectera plus d’une nouvelle personne, et dans ce cas la maladie ou l’épidémie va se propager. Ro se calcule sur la base de trois facteurs : Ro = transmissibilité x nombre de contacts sociaux x durée de la période contagieuse. Connaissant le taux de reproduction (Ro) d’un virus, on peut déterminer le pourcentage de la population qu’il conviendrait de vacciner pour stopper l’épidémie.

Téléconsultation
Le fait pour un médecin d’offrir des consultations téléphoniques ou vidéo (FaceTime, WhatsApp, Skype, etc.) au lieu de rencontrer des patients dans son cabinet.

Test d’immunité au virus
Ce sont des tests dont on aura besoin en fin d’épidémie pour évaluer l’état immunologique de la population. Grâce à une simple prise de sang, ils permettront de savoir qui a été en contact avec le virus, et par là même qui est immunisé et non pas qui est malade à l’instant T. Des tests sérologiques rapides seront bientôt disponibles.

Test de dépistage
Il s’agit de tests de dépistage du virus SARS-CoV-2. Seuls des tests biologiques PCR (réaction en chaîne par polymérase) permettent de détecter la présence de coronavirus. Le test PCR, effectué par écouvillage naso-pharyngé, est un test non invasif, uniquement sur prescription médicale, qui ne prend que quelques secondes et peut être plus ou moins douloureux en fonction de la sensibilité de chaque patient. Les tests sont réalisés sur des prélèvements de sécrétions dans le rhino-pharynx, la zone qui se trouve derrière le nez, au-dessus du fond du palais ou sur des prélèvements trachéo-bronchiques, en dessous de la glotte. On prélève des cellules nasales profondes à l’aide d’un écouvillon spécifique, une sorte de long coton-tige que l’on insère dans les cavités nasales, jusqu’à 15 cm environ. Il est nécessaire d’explorer les deux narines lors du prélèvement. Cet échantillon est ensuite analysé en laboratoire spécialisé pour rechercher la présence de brins d’ARN appartenant au virus SARS-CoV-2 et confirmer ou non le diagnostic. Dans le cas d’un patient sévère un prélèvement dans la trachée ou dans les bronches est recommandé par les professionnels, étant donné que le virus migre progressivement vers les bronches et que la charge virale dans le nez pourrait être nulle après quelques jours. Des tests sérologiques rapides du Covid-19 seront bientôt disponibles. Ce nouveau type de test sera complémentaire des tests PCR. Il s’agit de pratiquer un examen sanguin à la recherche d’anticorps.

Test des anticorps
Permettra d’identifier les personnes ayant déjà eu le virus et étant dès lors (supposées) immunisées.

Test nasopharyngé
Test par prélèvement au fond du nez réalisé avec un écouvillon.

Test oropharyngé
Test par prélèvement au fond de la gorge.

Test sérologique
Ils sont basés sur la détection des anticorps lgM, lgG et éventuellement lgA dans le sang. La présence de ces anticorps signifie une protection immunitaire développée après guérison d’une infection au coronavirus.

Tester-alerter-protéger
Stratégie sanitaire pour limiter la propagation du virus de la Covid-19,  qui s'appuie sur le repérage précoce des symptômes, la réalisation de tests et l'isolement des malades ou des cas positifs ainsi que des personnes ayant été en contact avec eux. Pour faire face à la situation épidémique et mieux maîtriser la circulation du virus SARS-CoV-2, il est important de briser les chaînes de transmission ou de contamination autour du triptyque : Tester, alerter, protéger.

Testing
Anglicisme désignant un test de dépistage Covid-19.

Tests antigéniques
Moins sensibles que les tests PCR, avec prélèvement au fond des narines (nasopharyngé) avec un écouvillon, ces tests déterminent si nous sommes porteurs du virus. Mais plutôt que de viser son ARN, ils traquent une de ses protéines. L’avantage, c’est qu’on a le résultat sous 15 à 30mn. Un résultat positif devrait toutefois être confirmé par un test PCR. Ces tests viennent en complément des tests PCR, qui restent la technique de référence car la plus fiable pour la détection de l'infection à la Covid-19.

Tests salivaires
Les tests salivaires permettent de déceler la présence du matériel génétique du coronavirus à partir d'un simple prélèvement de salive. Ils pourraient être une alternative aux tests naso-pharyngés. Ces tests ont l’avantage d’être indolores et plus rapides que les tests PCR, qui nécessitent qu'on introduise profondément un long écouvillon dans le nez de la personne. L’intérêt de ces tests serait de faire un premier tri entre personnes infectées ou non, avant de proposer un test plus sensible aux personnes positives. Deux types de tests : en auto-prélèvement et on envoie l’échantillon au laboratoire ou en auto-prélèvement et on a le résultat instantanément comme avec une bandelette urinaire ou bien des tests réalisés par des professionnels. Il consistera alors à prélever la salive, placer l’échantillon dans un tube avec des réactifs chauffés à 65° pendant 15mn minimum. Le résultat pourra être lu à l’œil nu. La sensibilité est de 80%. Ce type de dépistage est efficace chez les personnes symptomatiques, mais pas vraiment chez les asymptomatiques, chez qui on raterait plus de 75 %  des infections (soit 3 personnes positives sur 4) en raison de performances insuffisantes. Les prélèvements effectués devraient d'ailleurs permettre de constituer une "salivothèque" de référence.

Tests virologiques
Ces tests recherchent directement le virus SARS-CoV-2 par de multiples techniques détectant différents composants du virus : son ARN ou acide ribonucléique → tests RT-PCR ou certaines de ses protéines → tests antigéniques. Ces tests permettent de déterminer si une personne est porteuse du virus au moment du test, avec un prélèvement par voie nasale ou salivaire. Et le résultat est en général disponible dans les 24 heures qui suivent.

Tocilizumab
Les premiers résultats d’un essai clinique montrent l’efficacité d’un médicament immuno-modulateur, nommé « tocilizumab », pour prévenir le fameux orage inflammatoire (orage de cytokines) chez les patients dans un état grave ou souffrant d’une infection sévère, selon une étude française de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris, non encore publiée. Ce traitement a réduit significativement la proportion de patients ayant dû être transférés en réanimation ou décédés, par rapport à ceux ayant reçu un traitement standard. Le tocilizumab est utilisé habituellement dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. Il agit en bloquant la réception d’une protéine du système immunitaire, qui joue un rôle important dans le processus inflammatoire. Un médicament comparable, le sarilumab (Kevzaza), développé par Sanofi et Regeneron est également testé dans le cadre du même programme d’essais cliniques, baptisé CORIMMUNO.

Tracking
Suivi des personnes infectées par le virus. Traçage de personnes atteintes par le Covid-19. Traçage des cas-contacts. Identification des personnes ayant été en contact de personnes infectées.

Traitement du Covid-19
Aucun médicament au monde n’a fait preuve de son efficacité et à ce jour il n’existe aucun traitement reconnu pour soigner la maladie du Covid-19, provoquée par le virus SARS-CoV-2. De nombreuses pistes cliniques sont explorées, dont un essai clinique lancé sur la chloroquine ou sa cousine mieux tolérée, l’hydroxychloroquine, afin de s’assurer de la possible efficacité de ce médicament plébiscité par le Professeur marseillais Didier Raoult. Des résultats préliminaires seront obtenus très rapidement. En Europe, un essai clinique, baptisé Discovery, destiné à évaluer cinq stratégies thérapeutiques différentes contre le Covid-19 a démarré. Et plus de 140 essais thérapeutiques sont déjà en cours à travers le monde, pour évaluer les mêmes traitements ou d’autres médicaments potentiellement actifs sur le Covid-19. Autre initiative innovante, la sérothérapie qui est le transfert de plasma thérapeutique d’un patient guéri à un malade au début de sa pathologie. Le plasma étant la partie liquide du sang qui transporte notamment les anticorps, ces protéines qui détectent et neutralisent les agents pathogènes. Ce plasma va conférer une immunité passive aux malades à qui on transfère ces poches de sang. Et ce don de plasma devrait renforcer leurs défenses immunitaires, leur éviter de présenter des formes graves de la maladie et leur permettre de combattre plus efficacement le virus. C’est le même principe que le vaccin, inoculé directement dans le sang. Il pourrait être une des solutions pour traiter les cas les plus graves. Mais pour l’heure, les traitements s’avèrent inefficaces à sauver des formes sévères de Covid-19, caractérisées par des pneumonies et des emballements mortels du système immunitaire.

Transmission communautaire
On parle de transmission communautaire lorsque des gens d’une collectivité contractent le Covid-19 sans avoir voyagé ou sans avoir été proches d’une personne qui a voyagé. Cas de transmission du Covid-19 au sein d’une communauté, de personne à personne, où vous ne pouvez pas identifier la personne à l’origine de ce cas.

Transmission du virus
Le virus se transmet d’homme à homme par la projection de gouttelettes contaminées (salive, sécrétions nasales), quand la personne tousse, crache ou éternue, et par un face à face prolongé avec une personne située à moins d’un mètre. Il peut donc se propager par la salive et être projeté dans l’air par les postillons, les crachats, la toux ou un éternuement. Il se transmet également par contact avec les muqueuses. Un autre vecteur de la transmission du virus est le contact des mains non lavées souillées par des gouttelettes. Quand on touche des surfaces contaminées ou sur lesquelles sont tombées des gouttelettes, le risque est de porter ses mains au visage et d’être infecté par la bouche, le nez, les yeux. D’où la nécessité de se laver régulièrement les mains et de ne pas mettre les mains au visage. La transmission du SARS-CoV-2 par aérosol est plausible car des chercheurs ont montré que le coronavirus pouvait survivre pendant trois heures sous la forme de particules suspendues dans l’air (aérosol). Le virus pourrait donc se transmettre par le simple fait de parler et même de respirer. Chaque personne contamine 3 ou 4 personnes, en l’absence de mesures barrières. En deux mois, le virus s’est peu à peu répandu dans près de 200 pays et territoires : la France a été le premier pays européen comptant des malades sur son sol, le 24 janvier 2020.

Triptyque du déconfinement
Plan en trois parties : «protéger, tester, isoler», qui sera le triptyque en vigueur après le 11 mai 2020, date de début du déconfinement. «Protéger» est le premier axe du triptyque. Il repose sur le respect des gestes barrières, de la distanciation sociale ainsi que le lavage rigoureux des mains et le port du masque. Il faut continuer à se protéger en limitant les contacts et les sorties, et notamment chez les aînés ou les plus de 65 ans. Désormais le port du masque sera recommandé ou obligatoire dans certaines situations. Il devrait y avoir assez de masques à partir du 11 mai. «Tester» est le deuxième axe du triptyque. À la sortie du confinement l’on va massifier les tests. Quelque 700.000 tests virologiques devraient être réalisés en France chaque semaine. Ils seront remboursés par l’Assurance maladie. Cela impliquera de tester 20 à 25 personnes autour de chaque personne contaminée grâce à la mobilisation de laboratoires publics et privés pour permettre de créer des accès de proximité. Il y aura une mobilisation des professionnels de santé libéraux (médecins, infirmiers), qui constitueront la 1ère ligne dans la recherche des cas contacts. En 2ème ligne les équipes de l’Assurance maladie ou des Ccas seront en appui. Des brigades sanitaires par département seront chargées de remonter les cas contacts et d’assurer la détection, le suivi des tests et l’isolement des personnes infectées. «Isoler» est le troisième axe du triptyque. L’objectif est, une fois repérés, d’isoler les malades du Covid-19 pour casser la chaîne de transmission du virus et éviter une recrudescence de l’épidémie à la sortie du confinement. Le choix sera laissé à la personne testée positive, soit de s’isoler chez elle, ce qui peut entraîner le confinement de tout le foyer pendant 14 jours, ou bien de s’isoler dans un lieu mis à sa disposition (chambre d’hôtel réquisitionné). Les cas contacts seront invités à s’isoler. Il reviendra aux collectivités territoriales de mettre en place un plan d’accompagnement des personnes positives. Le Premier ministre en appelle à la responsabilité individuelle et au civisme de chacun. Les outils de traçage numérique comme l’application StopCovid seront complémentaires sur la base du volontariat. Enfin, si les indicateurs de santé, département par département, n’étaient pas bons, le déconfinement pourrait être remis en cause ou envisagé avec plus de sévérité.